ToBRFV - tout savoir pour lutter contre une menace grandissante
ToBRFV - tout savoir pour lutter contre une menace grandissante
Le Tomato brown rugose fruit virus (ToBRFV), ou virus du fruit rugueux brun de la tomate, s’est imposé ces dernières années comme l’un des risques sanitaires majeurs en production de tomate. Identifié pour la première fois en 2014, il touche aujourd’hui tous les modes de production et peut provoquer jusqu’à 100 % de pertes. Extrêmement stable, il se conserve durant des mois sur les surfaces, outils, vêtements et semences, ce qui facilite sa dissémination au sein d’une culture.
Historique et diffusion
Depuis sa première identification en 2014 en Israël, le virus ToBRFV s’est rapidement diffusé dans le monde. A partir de 2018, il est identifié au Mexique, aux Etats-Unis et en Europe (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Grèce, etc.). En 2023, il est présent en France et dans de nombreux autres pays européens.
Le ToBRFV peut contaminer les tomates, mais également les poivrons. Il se propage via les semences et plants mais pas seulement ! Il s’agit d’un virus de contact. Une fois qu’une culture est touchée, les vêtements, les outils, les mains, les eaux peuvent être contaminées. Tous les systèmes de culture sont concernés, aussi bien les productions en plein air, sous abris froids ou au sein de serres chauffées.
Comment reconnaître des plants contaminés par le ToBRFV ?
La détection du ToBRFV est une étape peu évidente à première vue, mais les premiers signes possibles de la présence du virus peuvent se manifester sos différentes formes :
- Une plante plus courte ;
- Des feuilles plus pâles ;
- Des fruits qui mûrissent plus tard ;
- Des fruits qui se développent plus inégalement que les autres ;
- Ou encore des fruits présentant quelques tâches.
Souvent, ces signes peuvent être causés par d’autres facteurs comme des carences en engrais. C’est pourquoi la détection du ToBRFV n’est pas si évidente au premier regard.
Les symptômes les plus courants du ToBRFV sur les tomates sont :
- Des chloroses, mosaïques, marbrures, des déformations et un rétrécissement sur les jeunes feuilles de l’apex et des pousses latérales ;
- Des boursouflures vert foncé sur les feuilles plus âgées ;
- Un flétrissement et un jaunissement, entraînant la mort de la plante ;
- Des tâches nécrotiques sur les calices et les pédoncules floraux ;
- Des tâches jaunes ou vertes, voire brunes, qui peuvent se propager vers l’intérieur du fruit ;
Une maturation des fruits irrégulière, une déformation et une peau devenant rugueuse.
De nombreux points restent à éclaircir pour bien comprendre le fonctionnement de ce virus
Il est tout à fait possible que le virus soit présent sans qu’il soit visible sur les plantes, mais il le sera très probablement sur les fruits. Et inversement, des symptômes peuvent apparaître sur les fruits mais pas forcément sur la plante Il est même avéré que certaines anciennes cultures aient été touchées sans développer de symptômes. Le ToBRFV peut ainsi se propager sur les productions ultérieures.
A ce jour, il reste de nombreuses zones d’ombres sur la propagation de ce virus, notamment sur le temps de propagation entre le vecteur (ce qui porte le virus) et le premier plant touché. Des réponses viendront compléter les connaissances actuelles au fil des campagnes et des remontées des producteurs impactés !
Le test en laboratoire, le meilleur moyen de détecter le ToBRFV
En cas de doute, le moyen le plus fiable de détecter le ToBRFV est de réaliser un test. Celui-ci est assez simple. Il suffit de prélever, sur plusieurs plantes, un calice et des pousses en croissance active. Un laboratoire pourra ainsi détecter la présence ou non du ToBRFV. Notez que l’eau de drainage peut également contenir des traces de virus. Cette dernière peut aider à identifier la présence du ToBRFV avant qu’il ne devienne trop envahissant sur les plantes.
La détection précoce du ToBRFV permet de prendre des mesures rapides et éviter de perdre la totalité de sa culture.
La tomate : un enjeu européen et local majeur
La tomate est sans conteste le légume préféré des consommateurs dans le monde, aussi bien sous sa forme première que transformée. C’est donc logiquement que la tomate s’impose aussi comme l’un des piliers du maraîchage européen et français. Un décryptage s’impose pour bien comprendre l’enjeu de cette culture face aux menaces du ToBRFV.
Les chiffres en Europe
- 17 millions de tonnes produites (industrie + consommation) ;
- Leaders : Italie, Espagne, Portugal, Pays-Bas, Pologne, Grèce ;
- France : 7ème producteur au sein de l’Union Européenne ;
- Production sous serre en baisse (projection de -9 % pour 2025) en raison des économies d’énergie ;
- Production plein air en hausse (projection de +19 % pour 2025) ;
- Forte concurrence du Maroc : 394 891 tonnes importées en 2023.
La tomate française, star des assiettes !
Tomates de consommation : 475 000 tonnes (436 000 tonnes en serres, 38 000 tonnes en plein air)
Tomates d’industrie : 162 000 tonnes
Consommation annuelle d’environ 850 000 tonnes :
15 kg/an/habitant de tomates fraîches
18,4 kg/an/habitant de produits transformés
95,3 % des ménages achètent des tomates
La tomate confirme sa place de leader et reste le légume le plus consommé du pays. D’où l’importance majeure de maîtriser les risques sanitaires liés au ToBRFV.
La prévention, première protection contre le ToBRFV
Des protocoles stricts ont été mis en place au niveau national pour limiter au maximum la propagation du virus. Ces recommandations incluent un contrôle des semences, des actions de biosécurité, et même l’arrachage des plants contaminés et leur traçabilité.
À ce jour, aucun traitement curatif n’est disponible pour faire face au développement du ToBRFV.
Une partie de la lutte repose donc exclusivement sur la prévention et la biosécurité. Les mesures concrètes et détaillées se trouvent notamment dans le protocole édité par l’APREL, en 2023.
Retrouvez ci-après les mesures clés à retenir de ce protocole sanitaire, aussi bien sur une exploitation qu’en station d’essais :
- Prévoir un personnel spécialement dédié aux différents compartiments de culture.
- Instaurer un lavage systématique des mains.
- Porter des vêtements et gants propres et penser à un changement régulier.
- Installer des pédiluves à l’entrée des serres.
- Réaliser une désinfection rigoureuse des outils et du matériel.
- Procéder à une gestion stricte des visiteurs et intervenants.
- Eliminer rapidement les plants suspects.
- Utiliser des plants et semences certifiés, idéalement d’origine Française.
- Prévoir des conteneurs et des plateaux désinfectés.
En cas de contamination, il faut impérativement procéder à l‘arrachage complet des plants atteints, éliminer les résidus végétaux avant un nettoyage approfondi des surfaces.
Le respect de ces mesures permet ainsi de freiner la propagation et de préserver les zones indemnes. Ajouté à ces démarches, le choix de variétés résistantes offre une protection optimale contre le ToBRFV.
Les nouvelles variétés résistantes : une solution concrète
Pour sécuriser leur production, les producteurs peuvent désormais compter sur l’arrivée de variétés résistantes ou tolérantes au ToBRFV. La gamme VOLTZ Maraîchage s’agrandit ainsi naturellement, pour répondre à cette demande, avec une nouvelle variété pour la saison 2026 (CARLITOS F1) et une tomate déjà réputée pour son package de résistance (BELLACOEUR F1) et à laquelle s’ajoute désormais une tolérance au ToBRFV.
BELLACOEUR F1 – Nouveauté 2025
La première « cœur de bœuf » spéciale pleine terre, savoureuse et tolérante au ToBRFV !
- Tomate cœur de bœuf pour cultures de printemps-été.
- Fruits de 250–300 g, rouge soutenu, sans collet vert ;
- Très belle homogénéité ;
- Une chair juteuse ;
- Rendement élevé et nouaison régulière ;
- Bonne couverture foliaire ;
- Résistances :
- HR : ToMV 0–2 ; TSWV 0 ; Va 0 ; Vd 0 ; Fol 0.1
- IR : TSWV 1 ; ToBRFV
CARLITOS F1 – Nouveauté 2026
Une nouvelle tomate ronde spécialement dédiée au marché du vrac et à la vente en grappe. Une valeur sûre pour sécuriser vos productions.
- Tolérance au ToBRFV ;
- Fruits de 220–240 g, homogènes, rouge intense ;
- Bonne conservation ;
- Plante équilibrée, nouaison régulière ;
- Résistances :
- HR : Fol 0-1, ToMV 0-2, TSWV 0, Va 0, Vd 0
- IR : MaMiMj, ToBRFV
L’Union Européenne s’engage dans la lutte contre le ToBRFV et, des analyses systématiques des semences sont effectuées. Des contrôles seront également renforcés selon la provenance des plants et semences de tomates (notamment d’Israël et de Chine). De plus, une documentation précise des variétés résistantes est en cours d’élaboration avec une possibilité de dérogations encadrées.
Ces mesures, combinées à la prévention et à l’arrivée de variétés résistantes comme BELLACOEUR F1 et CARLITOS F1, constituent aujourd’hui les clés pour protéger durablement les producteurs français face au ToBRFV.
Sources & liens :
APREL :
https://aprel.fr/wp-content/uploads/1Protocole_virus_ToBRFV_tomate_2023.pdf
La France Agricole :
Réussir Fruits & Légumes :
https://www.reussir.fr/fruits-legumes/tomate-comment-le-virus-tobrfv-bouscule-la-production
Ephytia :
https://ephytia.inra.fr/fr/C/27470/Vigi-Semences-Tomato-brown-rugose-fruit-virus-ToBRFV
Fresh Plaza :
